L’actualité sociale de la semaine : amendement gouvernemental sur l’acquisition des congés payés pendant la maladie et rupture conventionnelle

Publié le 22/03/2024 à 07:57 dans Comité social et économique (CSE).

Temps de lecture : 4 min

Cette dernière semaine a été grandement marquée par l’adoption de l’amendement gouvernemental sur l’acquisition des congés payés durant la maladie. Nous vous parlons également d’une récente décision rendue par la Cour de cassation sur le thème de la rupture conventionnelle.

Maladie et congés payés : réforme à l’horizon

Plus qu’attendue, la réponse du Gouvernement aux arrêts du 13 septembre 2023 est désormais connue.

Tout s’est accéléré, vendredi 15 mars, avec le dépôt d’un amendement voté, sans modification, dès le lundi suivant par l’Assemblée nationale.

Intégré au projet de la nouvelle loi DDADUE, une adoption définitive devrait intervenir d’ici le 10 avril prochain.

Nous vous proposons d’évoquer 3 mesures retenues par le Gouvernement pour tenter de mettre, définitivement, le droit français en conformité avec le droit de l’Union européenne.

Acquisition de congés payés pendant un arrêt maladie

L’amendement dispose, tout d’abord, que les absences pour maladie ou accident, quelle qu’en soit l’origine, permettrait au salarié d'acquérir des droits à congés payés.

Attention toutefois, le Gouvernement établit une distinction selon l’origine de l’absence concernant le nombre de jours acquis.

Ainsi, en cas d’absence causée par un accident ou une maladie d’origine non professionnelle, l’acquisition des congés payés sera limitée à :

  • 2 jours ouvrables par mois ;
  • 24 jours ouvrables (soit 4 semaines) par pĂ©riode de rĂ©fĂ©rence.

A l’inverse, si l’absence est causée par une maladie ou un accident d’origine professionnelle, le salarié continuerait à acquérir 2,5 jours ouvrables de congés par mois dans la limite de 30 jours ouvrables (5 semaines) par an.

Nouvelle obligation d'information pour l'employeur

L'amendement introduit, en outre, une nouvelle obligation d'information Ă  la charge de l'employeur.

Dans les 10 jours suivant le retour d'un salarié victime d’une maladie ou d’un accident, l'employeur devrait porter à sa connaissance les informations suivantes :

  • le nombre de jours de congĂ©s dont il dispose ;
  • la date jusqu'Ă  laquelle ils peuvent ĂŞtre posĂ©s.

Dès lors, si l’employeur ne s’y conforme pas, le délai de prescription applicable ne pourrait pas jouer.

Nouvelles règles sur le report des congés payés acquis avant ou pendant un arrêt maladie

L'amendement institue également une période de report des congés payés de 15 mois.

Cette durée serait toutefois aménageable, mais uniquement par voie d’accord (entreprise, établissement ou, à défaut, de branche).

Son point de départ différerait alors selon la période d'acquisition des congés.

Pour les congés acquis avant et pendant un arrêt maladie inférieur à 1 an, la période débuterait au jour où l’employeur satisferait à son obligation d’information.

En revanche, si le contrat de travail est suspendu depuis au moins 1 an, cette période commencerait à l’issue de leur période d’acquisition.

Notez le

A l’occasion d’une conférence organisée par l’Association française de droit du travail (AFDT), l’avocate Alexandra Stocki a formulé une interrogation pertinente sur ce sujet : qu’en serait-il si le salarié retombait malade au cours de la période de report ? Une suspension de celle-ci s’imposerait-elle ?

Retrouvez l’ensemble des mesures votées par l’Assemblée nationale dans notre article dédié : Maladie et congés payés : l'amendement du Gouvernement est adopté.

Rupture conventionnelle : l’entretien et la signature de la convention de rupture peuvent intervenir le même jour

La rupture conventionnelle vous permet de rompre, d’un commun accord avec votre employeur, le contrat de travail à durée indéterminée (CDI) qui vous lie.

Pour l’actionner, vous devez notamment, à l’issue d’un ou de plusieurs entretiens, vous concerter sur les modalités qui accompagneront votre départ (date de rupture, montant de l’indemnité spécifique, etc.).

En cas d’accord, celles-ci seront formalisées au sein d’une convention de rupture, signée par vous et votre employeur.

Cependant, un délai minimum s’impose-t-il entre l’entretien et la signature de la convention de rupture ?

Comme le constate la Cour de cassation dans un arrêt du 13 mars 2024, aucun délai n’est prévu par le Code du travail.

Il est donc tout à fait possible que l’entretien et la signature de la convention surviennent le même jour.

Conseil

Afin d’éviter tout vice de consentement, gardez la preuve que l’entretien a bien eu lieu avant la signature de la convention (ex : lettre de convocation à l’entretien, préciser la chronologie des faits dans la convention de rupture, etc.)

Cour de cassation, chambre sociale, 13 mars 2024, n° 22-10.551 (le Code du travail n’impose pas de délai entre l’entretien préalable et la signature de la convention de rupture)
Amendement n°44 dans le cadre du projet de loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne en matière d’économie, de finances, de transition écologique, de droit pénal, de droit social et en matière agricole, adopté par l'Assemblée nationale le 18 mars 2024