Avoir confiance en soi
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Nos premiers balbutiements avec la notion de réussite ou d’échec ont probablement été vécus dès l’entrée du parcours scolaire et renforcés par une certaine pression parentale. La conquête des bons résultats sera un déterminant dans ce qu’il adviendra de notre perception de nous, de notre place sociale, de notre relation avec l’école mais aussi avec notre envie d’apprendre.
S’opère alors un tri entre ceux qui ont le sens de la compétition, ceux qui ont le sens de l’effort, de la persévérance et ceux qui ne s’y retrouvent pas et vont devenir, à plus ou moins long terme et malgré eux, des victimes collatérales de cette quête de la réussite académique.
MĂ©rite et reconnaissance
Puisque la réussite est culturellement associée au mérite, s’instaure ainsi un système de croyances et de prétentions qui vont anéantir tout un monde de potentiels et l’ouverture de ces voies vers tous les possibles. Nous comprenons alors les effets de l’échec et de la stigmatisation qui s'ensuit. Sans en avoir conscience, nous expérimentons à ce moment précis, l’iniquité, l’inégalité et l’injustice. Notre confiance en soi sera conditionnée par ces acquis, de même que notre perception du monde et de la place que nous avons en son sein.
Il s’agit encore aujourd’hui d’avoir fréquenté une école réputée pour avoir le crédit du mérite et de la reconnaissance. Au même titre qu’il s’agit de réussir les prestigieux concours de l’administration publique pour formaliser le mérite à des postes de dirigeants. C’est un problème culturel qui n’est pas sans conséquence, surtout que dans ce contexte, réussir n’est pas gage de compétences et encore moins de confiance en soi.
Ce manque de confiance est un mal individuel mais aussi sociétal visible et palpable dans toutes les sphères professionnelles qui freine cette envie de se projeter dans l’avenir, de se dépasser, de croire en ses capacités et de faire face aux défis sans se perdre. Au travail, la notion de confiance est un enjeu fondamental de qualité de vie au travail et de santé de l’organisation.
Cacher le manque de confiance en soi
Un cadre qui n’a pas confiance en lui utilise des moyens subversifs pour dissimuler ce manque, même ou surtout inconsciemment. Ses postures ou sa manière de gérer vont sillonner la grille des mauvaises pratiques. Voici quelques exemples :
- la prétention marque l’absence de confiance en soi ;
- la personnalisation des décisions est souvent associée à vouloir faire usage d’un « droit de décider » pour se donner confiance en raison de son titre hiérarchique plutôt que de choisir la cohérence décisionnelle ;
- le favoritisme consiste à trier et décider en fonction de ceux dont j’ai besoin pour me faire aimer ;
- le manque de courage managérial ou évitement traduit la peur du rejet, de ne pas être aimé, de perdre son emploi, de perdre l’estime des autres et la reconnaissance en cas d’erreur ;
- le contrôle ou l’autoritarisme dissimule l’absence de confiance par l’utilisation à outrance d’une posture autoritaire ;
- le micromanagement ou la gestion sur l’épaule de ses équipes signe la recherche de contrôle et donc le manque de confiance en soi et dans les autres.
Transformer la quête de la réussite en quête de confiance en soi
Ne serait-il pas temps d’introduire l’apprentissage de la confiance en soi avant celle de la réussite ? En santé des organisations, le désir de réussir prévaut et de loin, sur la notion de la réussite parce qu’il est plus important de cultiver ce désir pour ce qu’il nous apprend, que la réussite en elle-même qui reste si éphémère.
Mais le désir de réussir est engendré par la capacité à avoir confiance en soi, mais aussi confiance dans les autres pour y arriver. Il n’est pas conditionné uniquement par le résultat. D’ailleurs, comme pour tout autre apprentissage, le voyage est souvent plus important que la destination en elle-même. Avoir confiance en soi, c’est avoir l’humilité de s’accepter avec ses imperfections mais aussi de permettre aux autres d’être eux-mêmes.
Attention : ne pas confondre réussite et ambition. Avoir de l’ambition n’est pas mauvais, sauf si elle génère des dommages collatéraux chez soi ou chez les autres, ou les deux.
La matrice de la santé des organisations définit les 4 fondamentaux de la réussite :
- L’état d’esprit. L’inspiration est un vecteur essentiel d’évolution mais l’état d’esprit dans lequel cette inspiration prend forme est un moteur qui va, à lui seul, déterminer si cette évolution devient une contrainte ou une opportunité. Cet état d’esprit, lorsqu’il est constructif, est un point de ralliement où chacun devient un acteur-inspirateur, ce qui ouvre la voie à la performance, la cohésion , à la créativité et au développement des potentiels individuels et collectifs.
- Le sens de la responsabilité
- L’éthique
- L’efficience
Si nous pouvions réussir à transformer notre recherche de résultats en quête de confiance, nous pourrions éradiquer le mal-être professionnel et la plupart des risques psychosociaux et nous réussirions beaucoup mieux « ensemble ».
Québécoise au parcours atypique, d’abord psychologue clinicienne dans une large institution de santé, j’ai été rapidement saisie par l’impact du climat de travail sur les comportements, et, au même …
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