QUESTION, RÉPONSE

CSE : Ai-je le droit de conclure un accord prévoyant l'attribution de la prime de partage de la valeur (PPV) ?

Publié le 31/01/2024 à 07:00 dans Comité social et économique (CSE).

Temps de lecture : 4 min

Prime de partage de la valeur : rappel du dispositif

La prime de partage de la valeur (PPV) a, depuis le 1er juillet 2022, succédé à la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA), également connue sous le nom de « Prime Macron ».

Ce dispositif, à l’instar de son prédécesseur, répond à l’objectif de soutenir le pouvoir d’achat des salariés.

Et pour ce faire, le législateur a ancré son attractivité sur un régime d’exonérations exceptionnel.

Plus précisément, la prime était, du 1er juillet 2022 au 31 décembre 2023, exonérée, dans la limite de 3000 € par année civile et par bénéficiaire :

  • de cotisations sociales ;

  • d’impĂ´t sur le revenu, de CSG-CRDS, de taxe sur les salaires et de forfait social si la rĂ©munĂ©ration du salariĂ© n’excĂ©dait pas, dans les 12 mois prĂ©cĂ©dant son versement, 3 fois la valeur annuelle du SMIC.

Rappel

Le seuil de 3000 € peut être rehaussé à 6000 € si l’entreprise met en œuvre, à la date de versement de la prime, ou si elle conclut au titre du même exercice :

  • un dispositif d’intĂ©ressement lorsqu’elle se trouve d’ores et dĂ©jĂ  soumise Ă  l’obligation de mettre en place de la participation ;

  • un dispositif de participation ou d’intĂ©ressement lorsqu’elle ne se trouve pas soumise Ă  l’obligation de mettre en place de la participation.

Ce régime a toutefois évolué depuis le 1er janvier 2024, sous l’effet de l’entrée en vigueur de la loi sur le partage de la valeur.

A compter de cette date, et jusqu’au 31 décembre 2026, les limites des montants exonérés demeurent applicables tout comme le principe d’exonération des cotisations sociales. Le reste des exonérations se retrouve, toutefois, assujetti à une condition supplémentaire, celle que l’effectif de l’entreprise soit strictement inférieur à 50 salariés.

Mais cette loi ne s’est pas limitée à réviser ce pan de la PPV.

Elle a également acté, depuis le 1er décembre 2023, la possibilité d’attribuer une seconde prime au titre d’une même année civile.

Bon Ă  savoir

Le Bulletin officiel de la sécurité sociale (BOSS) a indiqué qu’il n’y avait pas d’identité de principe entre les deux primes versées. Ce qui, concrètement, signifie que la seconde PPV :

  • devra, d’une part, faire l’objet d’un nouvel accord ou d’une nouvelle dĂ©cision unilatĂ©rale ;

  • pourra, d’autre part, Ă©voluer dans son montant, sa modulation et ses conditions d’éligibilitĂ©.

Enfin, la loi a institué la possibilité prochaine d’affecter la PPV, totalement ou partiellement, sur un plan d’épargne salarial ou sur un plan d’épargne retraite. Les sommes abondées seront alors exonérées d’impôt sur le revenu.

Bon Ă  savoir

Cet abondement est actuellement irréalisable dans la mesure où un décret d’application, non publié à ce jour, doit encore définir le délai dont dispose le salarié pour activer cette option.

Prime de partage de la valeur : le CSE peut être doublement intéressé

Pour mémoire, le montant de la PPV est librement déterminé et pourra être modulé entre les salariés bénéficiaires selon différents paramètres (rémunération, classification, ancienneté, durée de présence effective durant l’année écoulée, durée du travail).

Son versement peut, au demeurant, être réalisé en une ou plusieurs fois, dans la limite d'une fois par trimestre au cours de l'année civile.

L’ensemble de ces modalités d’attribution devront donc être arrêtées par :

  • un accord d’entreprise ou de groupe conclu selon les modalitĂ©s prĂ©vues au I de l’art. L. 3312-5 du Code du travail ;

  • ou par une dĂ©cision unilatĂ©rale de l’employeur.

De ce fait :

Oui, le CSE est en capacité de négocier et donc de conclure un accord relatif au versement de la PPV.

Et pour cause, cette alternative est clairement énoncée dans l’article précité. Le projet de l’employeur devra, le cas échéant, être avalisé par la majorité des élus présents lors de la réunion.

Par ailleurs, la consultation du comité sera rendue obligatoire si l’employeur envisage d’attribuer la PPV en vertu d’une décision unilatérale.

Pour en savoir davantage sur le rôle du CSE dans la mise en place de la PPV, pensez à consulter notre documentation « CSE ACTIV ».

Portraits Tissot 046 2023 Gilles Piel 2

Axel Wantz

Juriste en droit social et rédacteur au sein des Editions Tissot