Représentants de proximité : attention aux rÚgles conventionnelles de remplacement

Publié le 24/02/2023 à 07:36 dans Fonctionnement des RP.

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L’instauration de reprĂ©sentants de proximitĂ© (RP) Ă©tant issue d’une disposition conventionnelle, il convient de s’assurer que le contenu dudit accord soit le plus complet possible et envisage tous les cas de figure pouvant ĂȘtre rencontrĂ©s. Illustration dans cet article, avec un contentieux entre un comitĂ© social et Ă©conomique et un syndicat portant sur les rĂšgles de remplacement des RP en cas de dĂ©mission.

Représentants de proximité : rappels généraux

Les reprĂ©sentants de proximitĂ© sont mis en place par le biais de l’accord d’entreprise qui dĂ©termine le nombre et le pĂ©rimĂštre des Ă©tablissements distincts.

Cet accord doit définir :

  • le nombre de reprĂ©sentants de proximitĂ© ;
  • leurs attributions, notamment en matiĂšre de santĂ©, de sĂ©curitĂ© et de conditions de travail ;
  • les modalitĂ©s de leur dĂ©signation ;
  • leurs modalitĂ©s de fonctionnement, notamment le nombre d’heures de dĂ©lĂ©gation dont ils bĂ©nĂ©ficient pour l’exercice de leurs attributions.

Les reprĂ©sentants de proximitĂ© peuvent ĂȘtre membres du CSE (titulaires ou supplĂ©ants), ou des salariĂ©s non-Ă©lus dĂ©signĂ©s par le comitĂ©.

Le champ de compétences des représentants de proximité est plus restreint que celui du CSE.

Ainsi, dans son document « Questions-rĂ©ponses sur le CSE », le ministĂšre du Travail prĂ©voit que le reprĂ©sentant de proximitĂ© pourra, par exemple, ĂȘtre chargĂ© de jouer un rĂŽle en matiĂšre de prĂ©sentation des rĂ©clamations individuelles et collectives dans les diffĂ©rents sites gĂ©ographiques de l’entreprise lorsque le pĂ©rimĂštre des Ă©tablissements distincts de l’entreprise retenu se situe Ă  un niveau plus centralisĂ©.

Pour autant, ne peuvent leur ĂȘtre confiĂ©es des missions dont la nature suppose qu’elles soient rĂ©alisĂ©es par des membres Ă©lus du personnel, comme par exemple, les consultations et la production d’avis motivĂ©s.

Les représentants de proximité ne peuvent participer de droit aux réunions pléniÚres du CSE sauf :

  • ceux d’entre eux qui sont membres Ă©lus du CSE (titulaires) ;
  • si l’accord de mise en place le prĂ©voit ;
  • si le rĂšglement intĂ©rieur du CSE le prĂ©voit.

Représentants de proximité : précisions apportées par le juge

Dans un arrĂȘt rĂ©cent, la Haute juridiction a eu l’occasion de se prononcer sur les modalitĂ©s de remplacement des reprĂ©sentants de proximitĂ©.

En l’espĂšce, une sociĂ©tĂ© a mis en place par voie d’accord un comitĂ© social et Ă©conomique unique ainsi que des reprĂ©sentants de proximitĂ© au niveau de chaque site de plus de 11 salariĂ©s compris dans le pĂ©rimĂštre du CSE.

Ce mĂȘme accord collectif prĂ©voit que « les RP sont dĂ©signĂ©s en fonction de la reprĂ©sentativitĂ©Ì obtenue par chaque organisation syndicale sur le site. Ainsi pour les organisations syndicales ayant participĂ©Ì aux Ă©lections du CSE/CSER de l'entreprise/rĂ©gion, cette rĂ©partition se fait en fonction des suffrages valablement exprimĂ©s recueillis par chaque organisation syndicale sur le site, en appliquant la rĂšgle de la proportionnalitĂ©Ì à la plus forte moyenne conformĂ©ment aux dispositions lĂ©gales rĂ©gissant les Ă©lections professionnelles ».

Le texte prĂ©cise Ă©galement que « la liste de chaque candidat pour chaque site composant le CSE/CSER est prĂ©sentĂ©e aux membres titulaires du CSE/CSER qui procĂšdent alors à un vote à la majoritĂ©Ì des membres prĂ©sents lors d'une rĂ©union extraordinaire (à l'exception du prĂ©sident du CSE/CSER) afin de dĂ©signer les RP pour chaque site ».

Cependant, il n’envisage pas une rĂšgle spĂ©cifique de remplacement lorsqu’un reprĂ©sentant de proximitĂ© dĂ©missionne.

Justement, et suite Ă  la dĂ©mission de l’un des reprĂ©sentants de proximitĂ©, le CSE est amenĂ© Ă  choisir entre deux candidats lors d’une rĂ©union tenue en visioconfĂ©rence. L’un d’eux est sans appartenance syndicale tandis que l’autre appartient Ă  la CFTC. Le candidat sans Ă©tiquette est finalement dĂ©signĂ© par le comitĂ©.

Le syndicat agit alors en justice pour faire annuler cette Ă©lection.

Le tribunal judiciaire puis la Cour de cassation donnent raison au syndicat : il convient bien de suivre les rÚgles conventionnelles applicables à la désignation des représentants de proximité en cas de remplacement.

Pour dĂ©terminer sa dĂ©cision, le juge s’est Ă©galement basĂ© sur l’avis antĂ©rieurement rendu par la commission paritaire d’interprĂ©tation de l’accord qui Ă©nonçait que « les siĂšges de reprĂ©sentants de proximitĂ©Ì appartenaient aux organisations syndicales en fonction de leur audience Ă©lectorale sur le site en question et que le comitĂ©Ì social et Ă©conomique devait dĂ©signer le candidat choisi par l'organisation syndicale, y compris en cas de remplacement d'un reprĂ©sentant de proximitĂ©Ì ».

La Haute juridiction précise néanmoins que si l'interprétation donnée par une commission paritaire conventionnelle du texte d'un accord collectif n'a pas de portée obligatoire pour le juge, ce dernier peut, aprÚs analyse du texte, faire sienne l'interprétation de la commission.

Pour toutes vos questions sur les représentants de proximité, les Editions Tissot vous conseillent leur documentation « CSE ACTIV » qui contient des fiches sur des thématiques telles que mettre en place des RP, les choisir, définir leurs missions.


Cour de cassation, chambre sociale, 1er février 2023, n° 21-13.206 (si l'interprétation donnée par une commission paritaire conventionnelle du texte d'un accord collectif n'a pas de portée obligatoire pour le juge, ce dernier peut, aprÚs analyse du texte, faire sienne l'interprétation de la commission)

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Marc Kustner

Gérant de la société FOKUS dédiée à la formation et à l'accompagnement des représentants du personnel (www.fokus-cse.com)

https://www.fokus-cse.com
Juriste et formateur en droit social
Spécialiste des relations sociales