En cas de licenciement pour faute grave, une indemnité de préavis n'est due que si la convention collective le prévoit expressément !

Publié le 24/04/2023 à 12:10 dans Conventions collectives.

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En principe, le licenciement pour faute grave exclut le versement d'une indemnité de préavis. Toutefois, certaines conventions collectives contiennent des dispositions plus favorables pour le salarié. Encore faut-il bien les interpréter, comme le montre une affaire jugée récemment…

Conventions collectives : un salarié licencié pour faute grave réclame une indemnité de préavis

Suite à son licenciement pour faute grave, le salarié d'une association avait saisi les prud'hommes. Il réclamait notamment le paiement d'une indemnité compensatrice de préavis, estimant y avoir droit selon la convention collective applicable.

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D'un point de vue légal, lorsqu'un licenciement est motivé par une faute grave, le salarié est privé de l'indemnité de licenciement. Par ailleurs, dans la mesure où un tel licenciement implique, en principe, le départ immédiat du salarié de l'entreprise, celui-ci ne peut demander, ni à exécuter un préavis, ni à bénéficier d'une indemnité compensatrice.

Dans cette affaire, les premiers juges avaient donné gain de cause au salarié et condamné l'employeur à lui verser une indemnité compensatrice de préavis.

Saisie à son tour, la Cour de cassation a retoqué la décision des juges du fond.

La Cour commence par rappeler les textes applicables.

D'une part, selon le Code du travail (article L. 1234-1), sauf stipulations contractuelles ou dispositions conventionnelles plus favorables, l'existence d'une faute grave justifiant le licenciement prive le salarié du bénéfice de l'indemnité de préavis.

D'autre part, d'après la convention collective des établissements et services pour personnes inadaptées et handicapées (article 9 de l'annexe 6), « après la période d'essai, le délai-congé (préavis) est fixé comme suit : 2 mois en cas de démission, 4 mois en cas de licenciement. Pour les directeurs généraux, directeurs de centre de formation en travail social et directeurs d'établissement ou de service, et qui comptent plus de 2 années d'ancienneté ininterrompue (en qualité de cadre ou de non-cadre) au service de la même entreprise, le délai-congé est fixé comme suit : 3 mois en cas de démission, 6 en cas de licenciement ».

Conventions collectives : faute de mention expresse contraire, l'indemnité de préavis n'est pas due en cas de faute grave

Après avoir rappelé les textes applicables, la Cour de cassation relève que, pour condamner l'association à payer une somme au titre de l'indemnité compensatrice de préavis, les juges avaient retenu :

  • que le contrat de travail du salariĂ© prĂ©voyait un prĂ©avis de 6 mois en cas de licenciement, sans distinguer la cause de ce licenciement et notamment sans prĂ©voir expressĂ©ment d'exclusion en cas de licenciement pour faute grave ;
  • que les articles 9 et 10 de l'annexe 6 se suivent et que l'article 10 exclut spĂ©cifiquement l'indemnitĂ© de licenciement en cas de faute grave, alors que l'article 9 relatif au prĂ©avis ne prĂ©voit aucune exclusion de droit Ă  prĂ©avis en cas de licenciement pour faute grave. Les juges en avaient dĂ©duit qu'il ne ressortait pas de la convention collective que le licenciement pour faute grave privait le salariĂ© d'une indemnitĂ© compensatrice de prĂ©avis.

A tort pour la Cour de cassation, qui estime que ni le contrat de travail, ni l'article 9 de l'annexe 6, relatif à la seule fixation du préavis, ne constituent « une stipulation ou une disposition plus favorable » en ce qui concerne le bénéfice de l'indemnité de préavis en cas de licenciement pour faute grave.

Par conséquent, l'affaire devra être rejugée.

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Cour de cassation, chambre sociale, 5 avril 2023, n° 21-20.254 (l'article 9 de l'annexe 6 de la convention collective nationale des établissements et services pour personnes inadaptées et handicapées, relatif à la fixation du délai congé, ne constitue pas une stipulation ou une disposition plus favorable en ce qui concerne le bénéfice de l'indemnité de préavis en cas de licenciement justifié par une faute grave)