Les Français et l’amitié au travail

Publié le 03/12/2013 à 17:10.

Temps de lecture : 6 min

Dans leur dernier sondage publié sur le site www.editions-tissot.fr, les Editions Tissot, spécialistes de publications en droit du travail à destination des employeurs, se sont intéressées à la vision des Français sur l’amitié au travail. 93 % des français considèrent que l’entreprise est un lieu où l’on se fait des amis ! Sondage des Editions Tissot réalisé par Opinion Way, du 23 au 24 octobre 2013, auprès de 1 005 salariés d’entreprises privées et publiques.

L’entreprise est un lieu de création d’amitié

Il ressort du sondage que 93 % des salariés, du privé comme du public considèrent qu’il est fréquent de se faire des amis au travail parmi ses collègues. Les Français considèrent que c’est un « lieu de sur sociabilité, créateur de convivialité et de vrais moments d’authenticité et d’amitiés » selon le sociologue Ronan Chastelier.

Et même si les salariés n’ont aucune obligation de devenir ami avec tous les collaborateurs de l’entreprise, cette amitié réduit les risques de licenciement pour mésentente (Cour de cassation, 27 novembre 2001, n° 99-45163 : la mésentente peut être un motif de licenciement si elle repose sur des faits objectivement précis, vérifiables et imputables au salarié licencié).

On constate aussi que cette amitié ne se limite pas uniquement au lieu de travail, puisque 65 % des salariés se font aussi des amis parmi leurs clients, et 64 % parmi leur fournisseurs. A l’inverse, ils ne sont que 43 % à créer des liens d’amitié auprès de leurs supérieurs hiérarchiques.

Mais l’amitié est-elle bonne ou mauvaise en entreprise ?

Pour 93 % des Français, cette amitié contribue à construire une bonne ambiance générale au travail. Elle a une part importante dans le bien-être au travail puisque 92 % des sondés estiment que l’amitié permet d’aller au travail avec plaisir.

Autre effet positif, pour 88 % des personnes interrogées, l’amitié au travail permet de gérer des situations difficiles ou de « faire passer » des décisions (76 %).

Toutes ces réponses ne peuvent que rassurer l’entreprise qui a l’obligation de se préoccuper du bien-être de ses salariés au travail et notamment de prévenir les risques psychosociaux tels que le stress (Code du travail, art. L. 4121-1).

Pour l’entreprise également, l’amitié au travail est une bonne chose puisque elle améliorerait la productivité pour 83 % des sondés. Elle faciliterait aussi la conclusion de contrats et donc la réussite commerciale de l’entreprise pour 48 % des Français interrogés.

Les situations favorisant le plus l’amitié au travail

Les ¾ des salariés considèrent que l’amitié en entreprise trouve sa source dans les coupures au travail telles que les pauses café, cigarettes, déjeuners ou pots entre collègues.

Ce sont ces alternances entre le temps consacré à la vie économique, productive et le temps de relâchement qui seraient propices à cette amitié.

Notez que si elles participent à la création ou au renforcement de l’amitié au travail, les pauses n’ont légalement pas à être accordées aux salariés à tout moment. Leur mise en place dépend en pratique du temps de travail. Règle à connaître : le salarié bénéficie obligatoirement d’un temps de pause d’une durée minimale de 20 minutes si son temps de travail quotidien atteint 6 heures (Code du travail, art. L. 3121-33).

A l’inverse des pauses, les événements d’entreprise, séminaires et actions de team building considérés comme des moments de cohésion sociale et de création de groupe, ne favoriseraient l’amitié que pour 25 % d’entre eux. Il en est de même pour « l’état de voisinage forcé » des open spaces qui ne semble pas non plus créateur d’amitié (cités par seulement 10 % des Français). Un paradoxe quand on connait l’objectif de cohésion de ces dispositifs.

Concernant l’organisation des événements d’entreprise, l’employeur doit rester vigilant surtout s’il met à la disposition des salariés de l’alcool. Il ne faut pas oublier qu’en cas d’accident lié à un état d’ébriété, la responsabilité de l’employeur peut être engagée pour non-respect de son obligation de sécurité de résultat (Code du travail, art. L. 4121-1).

La séparation sphère privée /sphère professionnelle n’existe plus vraiment

Pour 64 % des Français, le fait de se voir en dehors du travail favorise l’amitié. L’humour, la capacité à être drôle sont, pour 35 % des personnes interrogées, créateurs de liens d’amitié au travail. Mais attention aux dérapages ! Sous prétexte d’être drôle, il n’est pourtant pas permis de tout dire. Les salariés sont en effet tenus à une obligation de loyauté et de discrétion appréciée par les tribunaux.

La limite à la liberté d’expression des salariés (Code du travail, art. L. 2281-1) est atteinte lorsque les propos tenus relèvent de la critique malveillante, de l’injure, du dénigrement, de la diffamation, de l’indiscrétion ou de la divulgation d’informations confidentielles. Ces règles s’appliquent également aux discussions tenues sur les réseaux sociaux.

De l’entreprise aux réseaux sociaux l’amitié n’a plus le même sens

Surprenant, 63 % des sondés accepteraient d’être demandé comme ami sur des réseaux sociaux dits « personnels » (type Facebook, Copain d’avant) par un collègue alors qu’ils ne sont que 54 % sur les réseaux sociaux professionnels de type Viadeo ou Linkedin.

Comme on pourrait le penser, seul 28 % des sondés recevraient favorablement la demande d’ami d’un client sur un réseau personnel, 27 % d’un fournisseur, et 22 % de leur chef hiérarchique. Ils sont légèrement plus nombreux à accueillir de telles demandes sur les réseaux professionnels (32 % pour leurs clients ou leurs fournisseurs et 28 % pour leur supérieur hiérarchique).

On constate que la tranche d’âge des 18-24 ans semble plus ouverte à ce type de mise en relation puisque 47 % accepteraient les demandes de leurs clients et 53 % celles faites par leurs fournisseurs.

Il ne faut pas oublier que les salariés doivent se méfier des propos injurieux postés sur le mur d’un ami qui est « public » ou qui a beaucoup d’amis (cour d’appel de Besançon, 15 novembre 2011). On quitte alors la sphère privée et le licenciement peut être justifié. Par exemple, une surveillante a été licenciée pour faute grave pour avoir tenu des propos dénigrant son établissement et incité les élèves à tricher pendant un examen sur son mur public Facebook (cour d’appel de Lyon, 22 novembre 2012).

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