• Les Français et la sauvegarde de l’emploi

Les Français et la sauvegarde de l’emploi

Publié le 27/03/2012 à 13:19.

Temps de lecture : 9 min

Les Français et la sauvegarde de l’emploi : 73 % des Français sont prêts à travailler plus pour sauver leur emploi

Sondage des Editions Tissot réalisé par Opinion Way, du 15 au 17 Février 2012, auprès de 1145 salariés d’entreprises privées et publiques .

Les Éditions Tissot, spécialistes de publications en droit du travail à destination des employeurs, se sont intéressées, à la vision des Français face à la menace de leur emploi.

Les salariés pessimistes dans la vision de l’emploi en France

Dans leur dernier sondage publié sur le site www.editions-tissot.fr, il ressort que plus d’un salarié sur deux (57 %), du privé comme du public pensent que leur entreprise réduira ses effectifs dans les deux prochaines années.

Il semble que « les salariés soient bel et bien entrés dans la « société du risque » et qu’ils projettent ces risques sur l’avenir » analyse le sociologue Ronan Chastellier.

Le sentiment de protection face à l’emploi est de moins en moins élevé. 40 % des salariés estiment que leur emploi est menacé. La nouveauté dans cette incertitude, c’est que l’inquiétude macro-économique se reporte désormais sur la sphère privée de chacun.

Les Français prêts à se remettre en cause pour sauvegarder leur emploi

Face à ces menaces, on constate que les employés font preuve d’un certain volontarisme et sont ouverts au changement et à l’évolution de leur fonction. 82 % d’entre eux seraient prêts à se former ou à changer de poste au sein de leur entreprise (75 %).

Cette implication est spectaculairement visible quand le salarié se dit « prêt à travailler plus ». Certes pas sans contrepartie. 73 % des sondés sont prêts à travailler plus pour sauver leur emploi, mais à condition de gagner plus. À l’inverse, 68 % d’entre eux ne sont pas prêts à travailler plus pour la même rémunération, ni à remettre en question leurs RTT ou nombre de congés payés (61%). Ronan Chastellier voit ici la limite de l’engagement du salarié, « davantage dans l’intention, que dans le sacrifice ».

Le chômage partiel est une solution envisageable pour près d’un salarié sur deux (46 %).

La majorité des salariés ne se sentiraient pas responsables de la perte de leur emploi

Pour se défausser, les salariés évoquent majoritairement des « déterminations externes ». C’est surtout le « Grand Autre » qui est remis en cause comme la mise en concurrence de l’emploi avec d’autres pays (22 %), la mauvaise gestion de l’entreprise (41 %) ou les actionnaires (32 %). Un fossé s’est créé entre les salariés et les instances dirigeantes, idée partagée à la fois par les cadres et les non-cadres.

Dans ce classement, les clients ont aussi leur part de responsabilité (19 %), à force de « réduire les marges ». Ce n’est que loin derrière, qu’on peut noter chez le salarié une quelconque mise en cause individuelle dans la perte de son emploi.

La défiance du politique face au problème de l’emploi

Une très forte majorité des salariés (66 %) pense que les prochaines élections n’auront pas d’impact sur leur emploi. Ils doutent de la capacité des politiques à changer la donne. Ils sont « détachés de la politique en tant qu’apporteur de solutions réelles ou concrètes » selon le sociologue.

L’Analyse du sociologue

Selon Ronan Chastellier, les salariés projettent des risques sur l’avenir. Ils abordent cet avenir morose sur le mode de la « variable projetée », donc en négatif. Les salariés seraient confrontés à un mélange de certitude (comme la croissance faible ou la crise de l’euro) et d’incertitude. Il s’agit ici de la capacité de leur entreprise à s’extraire de la crise, de la conjoncture immédiate qui est encore une incertitude. Le fonds de pessimisme des Français est connu.

Même si la menace n’est pas avérée, l’imaginaire de la menace s’impose dans les représentations et va acquérir force de vérité auprès d’eux.

Le « volontarisme » des salariés face à la menace

Le salarié est certes concerné, mais probablement pas dans une « métaphysique de combat » pour sauver son emploi. 82 % sont prêts à se « former mieux » pour mieux correspondre aux besoins de l’entreprise. Ils croient en priorité à « l’efficience magique » de la formation. 75 % sont prêts à plus de polyvalence et voient la pluriactivité comme « réductrice de risque ».

Le travail, l’importance de l’effort pour sortir des déterminations initiales n’arrivent qu’en 3ème position (73 % des salariés travailleraient plus pour toutefois gagner plus).

Puis vient la question du temps de travail, 70 % seraient prêts à l’aménager… Le salarié cherche à contrôler plus ou moins les modalités, à retarder des effets directs de la crise. Il semble plutôt dans une exigence de maintien / conservation de soi d’un système que d’une redéfinition.

Le salarié est dans un idéal d’homéostasie, et une logique conservatoire d’acquis (RTT, salaire, mobilité) plutôt que de choix radicaux et volontaires en termes de travail ou de compétitivité. Le « vouloir » des salariés (sauver son emploi) est accompagné d’un contre vouloir (ne pas toucher à ses RTT, congé) comme s’il y avait une « contre volonté inconsciente » forte du salarié face aux risques, mais qu’il est incapable de se transformer.. Une solution serait d’intégrer une dose plus forte de volontarisme voir « d’entreprenariat » dans le salariat !

En cas de perte d’emploi, ce n’est pas moi, c’est le « Grand Autre », le responsable !

Prioritairement, on incrimine la direction de l’entreprise et sa « mauvaise gestion » (41 %), puis le « Haut mal » serait aussi l’actionnaire / le financier (32 %), la mondialisation (22 %) est aussi le « fétiche » qui condense les problèmes. L’ennemi est toujours par définition jusqu’à un certain point invisible.

Dans cette incapacité à se remettre en question, on pourrait presque parler de « faculté anti-perceptive » du salarié, tant la résistance au « réel » parait importante. Peut-être aussi que l’interaction des facteurs de perte d’emploi, est trop complexe, un facteur n’agirait jamais seul mais dans une combinaison particulière, et l’on aurait tendance à privilégier des causes extérieures, des déterminations externes plutôt que de se remettre en question soi-même.

Les solutions en droit en cas de menace sur leur emploi

Heures supplémentaires et rachat des jours de repos

Pour sauvegarder leur emploi, 73 % des salariés sont prêts à travailler plus mais à condition de gagner plus.

Les heures supplémentaires ou la renonciation à des jours de repos pour les salariés en forfait jours sont des possibilités. La rémunération des heures supplémentaires et des jours de repos est majorée. Elle bénéficie également d’avantages sociaux et fiscaux (réduction/déduction de cotisations, exonération d’impôt sur le revenu).

Aménagement du temps de travail

Une autre solution envisagée pour sauvegarder leur emploi est un aménagement de la répartition de leur temps de travail pour 70 % des personnes interrogées.

Afin d’adapter le travail des salariés à celui de l’activité, aux évolutions des rythmes de production de l’entreprise (et éviter notamment le chômage partiel, les licenciements économiques), l’employeur peut répartir la durée du travail :

  • soit par un accord collectif, sur une pĂ©riode supĂ©rieure Ă  la semaine et au plus Ă©gale Ă  l’annĂ©e. Cette rĂ©partition des horaires ne constitue pas une modification du contrat de travail. L’accord des salariĂ©s n’est donc pas nĂ©cessaire (Loi Warsmann) ;
  • soit, s’il n’y a pas d’accord, l’employeur peut amĂ©nager le temps de travail sur des pĂ©riodes de travail de 4 semaines au plus, et cet amĂ©nagement est soumis Ă  l’avis des reprĂ©sentants du personnel.

ChĂ´mage partiel

46 % accepteraient des périodes de chômage partiel.

La finalité du chômage partiel est de réduire les répercussions des baisses brutales et imprévisibles d’activités sur la rémunération. Situations temporaires et exceptionnelles. A noter que la procédure de demande d’indemnisation n’est plus sollicitée préalablement à la mise en place du chômage partiel et que les montants de l’allocation spécifique ont été revalorisés (mars 2012).

Formation des salariés et reclassement avant d’envisager un licenciement économique

82 % sont prêts à se former pour correspondre aux besoins de l’entreprise, 75 % à changer de poste, de fonction.

Les formations peuvent notamment se dérouler dans le cadre du plan formation de l’entreprise. Le salarié peut également prendre l’initiative de se former en utilisant ses heures du droit individuel de formation (DIF), en prenant un congé individuel de formation (CIF), etc. Il ne faut également pas oublier que le licenciement économique constitue une mesure ultime. Elle ne peut intervenir que lorsque tous les efforts de formation et d’adaptation ont été réalisés et que le reclassement du salarié ne peut pas être réalisé dans l’entreprise, voire dans celles du groupe. Les postes proposés dans le cadre du reclassement peuvent être situés à l’étranger si le salarié accepte ces propositions. A noter que 27 % seraient prêts à changer de pays pour sauvegarder leur emploi.

Vidéos libres de droit

Les salariés sont-ils entrés dans la société du risque ?

Les dispositifs qui permettent au salarié de travailler plus en augmentant sa rémunération ?

Est-ce que les salariés sont assez volontaristes face à la crise ?

Comment aménager le temps de travail pour faire face à des variations d’activité ?

En cas de perte d’emploi qui est responsable selon les salariés ?

Pour éviter les licenciements économiques, peut-on proposer des postes à l’étranger ?

Interview de Ronan Chastellier Pour réaliser une interview de Ronan Chastellier ou obtenir un complément d’analyse, contactez l’agence de presse qui vous mettra en relation directe.

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