Dire non Ă  son patron

Publié le 26/03/2015 à 11:26.

Temps de lecture : 4 min

Dans un contexte de résistance sociale, les Editions Tissot, spécialistes du Droit du Travail, qui accompagnent les managers depuis 40 ans dans leurs relations sociales avec leurs employés, ont chargé l’organisme de sondages Opinion Way de mesurer la volonté et la possibilité réelle du salarié à « désobéir ». Les résultats du sondage mettent en lumière, pour la première fois, les conditions de cette pratique des salariés à « dire non ». Leur volonté de s’opposer de manière frontale à leur patron.


Étude réalisée par Opinion Way pour le compte des Editions Tissot du 8 au 10 et du 15 au 17 septembre 2010, auprès d’un échantillon de 967 salariés du privé et des entreprises publiques, échantillon lui même issu d’un échantillon de 2112 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Posture politique ou intellectuelle, héroïsme moderne, mouvement d’humeur irrationnel… un principe d’expression du refus s’instaure dans l’entreprise …

83 % des salariés français considèrent qu’on peut dire non à son patron.

Les salariés seraient surtout capables de « dire non » à leur patron au nom de ce qui est moralement inacceptable, pour ne pas cautionner une violation de la loi (75%).

Arrivent ensuite, les « avances » (74%), bien qu’on note l’écart de réponse le plus important de cette étude entre hommes (62%) et femmes (84%).

Plus communément, c’est l’idée d’une injustice « ressentie » vis-à-vis d’eux-mêmes, comme « une mutation » (64%), « annuler des vacances (44%) », « dépasser des horaires » (25%) et aussi vis-à-vis des autres comme « nuire à un collègue » (51%) qui pousserait les Français à résister. Il s’agit là de réactions épidermiques de refus !

La fin de la passivité des salariés vise aussi à faire entendre leurs convictions sur le management. Ainsi, ils pensent « dire non » : quand on leur fixe des objectifs inatteignables (44%) ou quand on leur demande d’appliquer une méthode qui ne semble pas correspondre au terrain (39%).

Dans leur refus d’obtempérer, les salariés semblent rechercher surtout une écoute plus attentive de leurs droits individuels.

En réalité, 63 % des salariés ont déjà dit non à leur patron.

Plutôt dans les entreprises publiques (71%) que dans le privé (62%), plutôt les hommes (67%) que les femmes (60%).

En tête , des refus viennent les modifications de contrat de travail (16%), puis le dépassement d’horaires, la surcharge de travail ou les objectifs inatteignables (15%), et enfin les avances et le harcèlement moral (12%).

Il semble que les fameux « désaccords raisonnables » qui portent sur le management (méthodes de travail, cadre de compétence, éthique, etc…) soient aussi courants que des désaccords plus « capricieux » portant sur des questions de vacances, mutations ou d’ambiance générale.

A noter que le salarié ne s’identifie plus au destin de son entreprise. Le désaccord portant sur des décisions engageant l’avenir de l’entreprise est le plus faible (1%), prouvant le terme d’une participation active et un désinvestissement du salarié au management.

Comment les salariés pensent que leur patron réagirait à leur refus ?

Les Français sont partagés. Certains pensent qu’il réagirait de manière positive, pour 37%, « il comprendrait tout à fait le refus ». 13% estiment même « qu’il ou elle lui ferait un compliment sur son aplomb et son intégrité. »

D’autres croient à des réactions plutôt négatives de leur patron. Selon eux, « il empêcherait leur carrière » (34%), « leur rendrait la vie impossible » (33%), « il engagerait une procédure de licenciement » (20%).

Pour Ronan Chastellier, sociologue « dire non » est « un courage actif, celui qui affronte au lieu de supporter. Il suppose une résistance. C’est une conscience qui s’exprime de manière solitaire et isolée. Dans la résolution individuelle de celui qui désobéit, il y a aussi le courage d’être soi, celui de déplaire, de dire la vérité, de briser ou de problématiser ce qui va de soi, un non conformisme qui pourrait être plutôt salutaire. »

Les Editions Tissot constatent que ce courage est possible et réel dans l’entreprise, que les salariés abordent le refus avec réalisme et savent « dire non à leur patron » à bon escient, lorsque la loi les soutient.

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